Pois et féverole Pois et féverole : des cultures délaissées mais d’avenir
Trois ans après sa première édition, le Carrefour pois et féverole était de retour, le mardi 22 novembre à Paris. L’occasion pour Terres Inovia de rassembler les acteurs de ces filières et de faire le point : baisse des surfaces et des rendements, pression climatique et sanitaire, faible valorisation… Autant de défis qui restent à relever.
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« La première édition 2019 avait mis en avant des marchés prometteurs, suffisamment valorisés, une innovation variétale dynamique mais encore trop fragile face aux stress biotiques et abiotiques. Trois ans après, où en est-on ? », s’est interrogé Laurent Rosso, directeur de Terres Inovia, à l’ouverture du Carrefour pois et féverole qui s’est déroulé le mardi 22 novembre à Paris.
Les surfaces de pois en baisse de 32 %
Malgré une demande croissante du marché, les surfaces et les rendements de pois et de féverole sont en baisse. « Force est de constater que la filière rencontre des difficultés. Aujourd’hui, on est à 137 000 ha de pois et 68 000 ha de féverole, soit un recul respectif de 32 % et 15 % par rapport à 2021. Le résultat d’une hausse du prix des productions concurrentes, les céréales et les oléagineux, et des rendements insatisfaisants liés à la pression climatique et sanitaire », constate Laurent Rosso. Les agriculteurs ont perdu confiance, « on sait que cette culture, on la sème mais on n’est pas sûr de la récolter », relate Gilles Robillard, président de Terres Inovia.
Les 29 q/ha de pois et 23 q/ha de féverole n’ont pas suffi à compenser les hectares perdus, puisque la production a respectivement chuté de 30 % et 16 %.
Une prise de risque peu valorisée
Lors de la table ronde, Fabrice Moulard, secrétaire de la Fop et agriculteur, a pu s’exprimer sur la compétitivité de ces cultures. « Si par exemple à l’instant t, on voit du blé autour de 300 €, il faudrait que le pois se situe entre 400 et 450 € la tonne, et le colza autour de 600 €. Alors que souvent les contrats sont basés sur le prix du blé, il faudrait qu’il se rapproche de celui du colza. »
Les acteurs s’accordent à dire qu’il faut accompagner cette prise de risque en trouvant d’autres moyens de rémunération, créer une valorisation autour des services écosystémiques, de la qualité, ou encore mieux valoriser les crédits carbone. « Aujourd’hui, sur le marché volontaire du crédit carbone, on a un prix qui est autour de 35 € la tonne. Tout le monde s’accorde à dire que ce n’est pas une rémunération suffisante et qu’elle ne suffira pas à encourager la mise en place de nouvelles pratiques, elle doit être associée à d’autres types de rémunérations », constate Aline Lapierre, consultante manager chez Agrosolutions.
Attention à « ne pas en faire une culture réglementaire »
« Avec la prochaine Pac, on sait que demain la rotation blé/orge/colza, ce sera moins de 80 € l’hectare d’aides, et donc que ce système n’existera plus et qu’il faudra trouver des alternatives, et les alternatives se porteront sur la production de légumineuses comme celle du pois, explique Gilles Robillard. La mise en place d’une MAE zone intermédiaire qui sera plafonnée à 11 – 12 000 € par exploitation et de l’ordre de 60 €/ha, permettra, dès lors qu’on aura 20 % de cultures à bas niveau d’intrants, d’accéder à cette aide. Le pois rentre exactement dedans et on aura toujours les aides couplées. »
Il met cependant en garde pour « ne pas en faire une culture purement réglementaire. Le risque demain avec ces cultures, c’est de se dire : “si j’ai 5 % de pois sur mon exploitation, ça me suffira à toucher les aides”. Faisons bien cette culture dans l’objectif d’en tirer la meilleure rentabilité. »
Mathilde Soulé
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